COFIGEO, le leader des plats appertisés s’adapte à l’évolution des modes de consommation et des attentes alimentaires

Fondé en 1876, COFIGEO est un groupe agro-alimentaire devenu leader du marché français des plats appertisés. L'acquisition du pôle plats cuisinés Agripole de l’ex-Financière Turenne Lafayette a permis de renforcer cette position. Rencontre avec Mathieu THOMAZEAU, Directeur Général de COFIGEO.

1. Le groupe COFIGEO est aujourd’hui leader du marché français des plats cuisinés appertisés, comment évolue votre marché face à l’évolution :

a. des modes de consommation (développement de la RHF, nouveaux canaux de distribution, etc.) ?

Il y a de fortes évolutions sur les produits, les réseaux de distribution et l’environnement digital qui ont fait évoluer la relation avec le consommateur. Sur un marché où l’offre est de plus en plus complète, l’enjeu stratégique est de travailler à la fois sur les usages, afin de répondre au développement du nomadisme par exemple, mais également sur le développement de l’offre, avec des évolutions de packaging et de recette.

Par ailleurs, la population senior est en forte croissance, et certains segments de cette population sortent des réseaux de distribution classiques. Nous devons nous adapter afin d’anticiper l’émergence de ces nouveaux réseaux. Cela influe sur notre manière de penser et de concevoir nos produits. Il y a également un enjeu organisationnel sur lequel nous travaillons, puisque les relations commerciales avec la grande distribution ne sont pas les mêmes que celles avec des réseaux spécialisés

Nous sommes dans un environnement qui évolue et nous nous devons de participer à l’évolution positive des modes de consommation. Nous essayons de mettre en avant des modes de consommation plus responsables et durables.  

b. des attentes alimentaires (développement du bio, sans gluten, légumineuses, qualité des produits, origine des produits, etc.) ?

Trois enjeux stratégiques témoignent de la culture d’entreprise du groupe COFIGEO : la lutte contre gaspillage alimentaire, la recyclabilité de nos emballages et la naturalité de nos produits. Les aliments appertisés ont l’avantage de ne pas avoir besoin d’additifs pour augmenter leurs durées de vie, ce qui permet de limiter le gaspillage alimentaire. Nous mettons également un point d’honneur à respecter la naturalité et contrairement à ce que l’on pense, conserve ne rime pas avec conservateur.

Aujourd’hui, le consommateur souhaite avoir un accès direct à l’origine du produit. Nous devons travailler en amont sur la structuration, afin de respecter une cohérence de la fourche à la fourchette. Cela se traduit par l’intégration au niveau de la blockchain des différents intervenants, pour restituer la donnée in fine au consommateur.

2. Vous avez repris en septembre 2018 le pôle plat cuisinés Agripole de l’ex-Financière Turenne Lafayette. Pourquoi cette acquisition ? Quel a été l’impact de cette acquisition sur l’organisation du groupe et comment intégrez-vous la cible ?

Cette acquisition est pour nous l’occasion de constituer un acteur important autour des technologies de l’appertisé. Dans le futur, de plus en plus d’enjeux liés au gaspillage alimentaire apparaîtront. Il est donc primordial de constituer un groupe autour de ces techniques qui permettent la préservation des produits sur des durées optimales, et ainsi de faire valoir ses qualités en termes de recyclabilité de l’emballage métallique, de gaspillage et de naturalité. L’objectif est également de créer un groupe qui puisse asseoir sa communication et ses innovations sur un volume d’activité et de marques plus important.

3. Quel est le rôle de l’innovation pour le groupe COFIGEO ?

L’innovation est centrale en termes de packaging, de recettes et également de digital, puisque nous pensons que l’innovation de demain intégrera une dimension digitale. Nous sommes passés d’un marché de demande à un marché d’offre, et nous évoluons dans un secteur qui a besoin de se transformer tout en innovant. Il faut donc créer des ETI qui ont la capacité d’investir dans l’innovation. Intégrer nos recettes et nos produits dans une blockchain permettant un accès à la data par le consommateur est une forme d’innovation nouvelle.

4. Avez-vous des conseils aux dirigeants qui souhaite réaliser des croissances externes ?

Comme toujours, tout est dans l’équipe. Ce sont des moments où les sollicitations sont nombreuses, et il est selon moi primordial d’être entouré de personnes très engagées. Par ailleurs, il est important de fédérer l’ensemble des équipes de la cible et de l’acquéreur autour d’un projet commun. Il faut également anticiper les synergies, et bien intégrer que le facteur humain est essentiel, au niveau de l’acquéreur mais aussi de la société acquise. Enfin, la capacité à créer une culture d’entreprise commune permettra d’optimiser la durée d’intégration de la cible.

5. Quel est l’impact de la réforme de la filière agro-alimentaire via la loi #EGalim pour le groupe COFIGEO ?

Cette loi est très large, puisqu’elle concerne aussi bien la grande distribution, la restauration collective et la relation avec les producteurs. En ce qui concerne la restauration collective, qui est un des piliers de notre activité, l’objectif est que 20 % des produits en restauration collective publique soient biologiques d’ici 2022. C’est une très bonne chose car cela participe à la création d’écosystèmes locaux vertueux, et nous avons un rôle à jouer à ce niveau.

La loi a également des effets sur les GMS (Grandes et Moyennes Surfaces), avec la majoration de 10% du seuil de revente à perte. Cela peut avoir des conséquences sur les prix avec l’inflation des produits à marque et la déflation des produits de marque distributeur, mais je pense que toute réforme qui vise à créer un mode de consommation plus raisonnable est bonne.

6. Société Générale Capital Partenaires est aux côtés de COFIGEO depuis 2013. Quels rapports entretenez-vous avec votre investisseur et quelle a été la plus-value de l’accompagnement SGCP ?

Nous avons une relation historique avec la Société Générale, puisque la banque nous accompagne depuis 2003 et Société Générale Capital Partenaires depuis 2013. L’un des facteurs clés permettant la pérennisation de nos relations est la confiance. L’acquisition de William Saurin s’est faite dans un environnement complexe, et sans cette confiance, cette opération n’aurait pas été possible. Par ailleurs, la transparence est également un pilier de nos bonnes relations et permet un partenariat adapté.

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