
Groupe Charlois - premier merrandier de France
Interview de Sylvain Charlois, dirigeant du Groupe Charlois
1. Pouvez-vous nous parler de l’évolution du Groupe Charlois depuis que vous l’avez créé ?
J’ai intégré la société historique, Maison Charlois, à l’âge de 15 ans comme salarié, lorsqu’elle était une petite merranderie et composée d’une vingtaine de personnes… J’ai travaillé à la production pendant 5 ans puis j’ai pris la responsabilité d’un atelier de merranderie. Au début des années 2000, j’ai racheté la totalité de l’entreprise aux membres de ma famille pour en devenir le dirigeant. En 2005, j’ai pu créer le Groupe Charlois, afin de mettre en place mes projets de développement.
En 2006, j’ai réalisé une première acquisition en achetant un client tonnelier, marquant ainsi le début d’une transformation. Nous sommes devenus 1er exploitant forestier de chêne français en reprenant la scierie Malviche, en 2008. Lors de l’acquisition du Groupe Saury en 2009, nous avons continué la bascule en passant de l’autre côté du miroir et en devenant tonnelier. Notre production de merrain alimentait alors nos propres tonnelleries. Depuis nous avons poursuivi notre développement (grâce à l’acquisition d’un laboratoire spécialiste de l’agro-alimentarie, en nous développant aux Etats-Unis et en Espagne, en créant des marques et des maisons) jusqu’à notre entrée en discussion avec le Groupe Nadalié.
2. Le rapprochement avec le Groupe Nadalié, vous place dans les leaders de la tonnellerie. Comment voyez-vous les moteurs de l’évolution de votre groupe dans les années à venir (développement de nouveaux produits, croissance externe…) ?
Actuellement, nous sommes toujours 1er exploitant forestier français (concernant le chêne), 1er producteur de merrain et nous confortons encore cette position grâce au rapprochement avec Nadalié. Aujourd’hui, Oak Nation (nom donné au groupe issu du rapprochement entre Charlois et Nadalié) prend également la place de numéro 2 mondial dans l’industrie de la tonnellerie, derrière le groupe TFF.
Nous exerçons un métier qui n’existe pas, car seulement 2% des chênes en France sont utilisés pour faire du merrain et seuls 1,8% du vin dans le monde passent en fûts de chênes français. Le métier de tonnelier est ancestral mais aussi mondial. Nous fournissons environ 5 000 clients dans plus de 50 pays. L’enjeu étant de fabriquer des produits d’excellente qualité avec un fort savoir-faire, nous évoluons dans le secteur du luxe. En effet, nous travaillons une matière issue d’arbres ayant deux siècles d’âge. Nos produits sont destinés à élever les vins premiums et ultra premiums.
Le métier se professionnalisant, nous avons une réflexion importante en termes de R&D afin de respecter les souhaits de nos clients tout en collant aux tendances du marché.
Notre activité est réglée par la nature : la forêt pousse à son rythme et le climat, la météo jouent un rôle très important. Par définition, notre métier progresse très peu, le développement se fait donc principalement par croissance externe en participant à la consolidation du secteur en France, en Europe et dans le monde.
Compte tenu du prix des barriques, nous accompagnons également nos clients sur des vins moins premiums. Pour cela, nous fabriquons d’autres types de barriques et des produits de chêne pour l’œnologie demandant une grande précision dans leur utilisation.
3. Votre groupe est implanté sur tous les continents. Au regard de vos anticipations, y a-t-il des régions ou vous êtes sous-représentés et comment souhaitez-vous les développer ?
Notre rayonnement dépend de nos marques, nous avons un portefeuille d’une quinzaine de tonnelleries et le groupe est présent dans tous les pays. Globalement nous n’avons pas de trous géographiques mais quelques marques sont moins présentes que d’autres dans certains pays. Elles sont en concurrence entre elles, tout en ayant une direction commerciale unique qui gère le réseau. En termes de production nous sommes présents en France, aux Etats-Unis, en Espagne et en Australie et nous pourrons l’être en Amérique du Sud et en Europe Centrale.
Pour illustrer nos métiers, je vous donne quelques chiffres :
- Cette année nous traitons 120 000 m3 de chêne français et 25 000 m3 de chêne américain sur la partie première transformation. Nous produisons 12 000 m3 de merrain français et 2 000 m3 de merrain américain.
- Cette année nous produisons près de 130 000 fûts dont 25 000 en chêne américain, 3 000 en chêne d’Europe Centrale et 102 000 en chêne français.
4. Quelles sont vos premières opinions sur l’arrivée de SGCP à votre capital et avez-vous des attentes particulières ?
En amont de cette entrée au capital, Société Générale Capital Partenaires, en la personne de Fabien Gilbert et de son équipe, a été efficace en nous accompagnant tout au long du process que nous pouvons qualifier de compliqué.
Aujourd’hui, nous sommes au début de la relation mais j’imagine que tout se passera très bien. Dans le tour de table que nous avons réuni, Société Générale Capital Partenaires a tout à fait sa place d’autant plus que Société Générale est un banquier du pool, nous avons donc des relations quotidiennes avec cette banque. Pour l’avenir nous avons beaucoup d’autres projets et à ce stade, nous sommes persuadés que ce nouveau tour de table dont fait partie SGCP, saura nous accompagner, nous proposer les outils pour que nous puissions continuer à nous développer, que je garde le contrôle et faire d’Oak Nation un acteur de référence dans nos métiers.
