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Arkolia - expert biomasse, solaire et éolien

07/02/2019

Interview de Laurent Bonhomme, président d'Arkolia Energies

1. Pouvez-vous nous parler de votre parcours et de votre expérience à la tête d’Arkolia ?

Personnellement j’ai commencé par faire une école de commerce à Bordeaux pour continuer dans le monde bancaire B2B. A la suite d’une fusion entre deux banques, j’ai eu l’occasion de partir et c’est là que j’ai créé Arkolia Energies.

Mon expérience chez Arkolia a été marquée par deux choses. Tout d’abord la remise en question perpétuelle, qui est le moteur de nos avancées dans ce monde plein de complexité. Puis des rencontres clefs : Jean-Sébastien BESSIERE et Katia LEGARDIEN qui sont respectivement le co-fondateur et la directrice administrative et financière. Réfléchir ensemble, aux problématiques auxquelles nous sommes confrontées perpétuellement et avancer main dans la main avec des personnes de confiance est le moteur de notre réussite.

2. Le secteur dans lequel vous évoluez est très encadré par les politiques environnementales ; ce frein ne fait-il pas peur ?

La politique environnementale française est animée de soubresaut depuis très longtemps et navigue entre une volonté réelle d’ouvrir ce monde de l’énergie aux énergies renouvelables et un système réactionnaire qui vise à l’éteindre et à tout baser sur le nucléaire, donc ce système est très instable. Heureusement que l’Union Européenne est là et affiche une logique très claire, qui est de favoriser ces énergies renouvelables, en émettant des directives très claires à appliquer.

Pour illustrer le fait que le système français est parfois contradictoire, prenons l’exemple de l’autoconsommation individuelle et collective. L’énergie produite en locale est souvent moins chère que l’énergie du réseau et donc l’utilisateur la consomme en direct sans passer par le réseau. En avril 2018, les élus ont décidé qu’aucune énergie autoconsommée ne devait être taxée. Décision qui est en tout conformité avec les directives européennes. C’est exactement le chemin opposé qu’a pris la Commission de Régulation de l’Energie, à l’encontre des élus français, qui elle, a décidé de taxer les énergies autoconsommées. C’est représentatif de la France : d’un côté une directive poussant à l’autoconsommation ce qui est tout à fait logique car l’énergie autoconsommée est 20% à 30% moins chère que la moins chère des énergies réseau et en face un système administratif qui est censé percer les monopoles et qui va mettre en place un système de taxes. Et ce n’est pas la seule contradiction, il y en a d’autres : en 2006, l’Etat a mis en place des décrets favorisant le photovoltaïque. Et en 2010, l’Etat fait exactement le chemin inverse et imposant en 2010 un moratoire qui supprime les décrets de 2006.

Cela fait peur, donc on essaye de trouver des systèmes qui nous mettent à l’abri de ces soubresauts administratifs.

3. Les grands groupes énergétiques s’intéressent de plus en plus au marché des énergies renouvelables, comment voyez-vous l’évolution de votre société d’ici 10 ans ?

On essaye d’aller vers des procédés ou des systèmes commerciaux en marge du système parce que les grands groupes (Engie, EDF …) utilisent le système dont je parlais ci-dessus. Par exemple Engie a tenté d’imposer que seules les entreprises ISO puissent répondre aux appels d’offre énergies renouvelables de l’Etat. Aujourd’hui ces grandes entreprises ont des connexions à très haut niveau pour nuire aux PME comme les nôtres. Ensuite très souvent, ils proposent des projets avec des TRI à 1-2% sur 30 ans. Aujourd’hui ces grands groupes ont une farouche envie d’un monde oligopolistique et les PME comme nous, sommes des troublions.

Avec Jean-Sébastien, mon associé, nous n’avons aucune envie de vendre car nous restons persuadés qu’il existe un modèle d’entreprise créative, innovante et flexible qui peut résister aux grands groupes.

4. Quelles sont vos premières opinions sur l’arrivée de SGCP à votre capital et avez-vous des attentes particulières ?

Pour moi c’est avant tout un honneur que la Société Générale s’intéresse à nous, Arkolia Energies et rentre à notre capital. J’avais l’image de la Société Générale grands groupes donc nous sommes fiers de les avoir à notre côté. Nous avons justement une très forte proximité avec l’équipe de Marseille que nous voyons régulièrement et qui est à la fois efficace et simple ; c’est ce qu’on attend de nos partenaires.